Vive l’avenir ? L’opti-pessimisme de la jeune génération après Copenhague
Par VANDERPOOTEN GILLES, février 2010
Les responsables politiques actuels seront-ils un jour convoqués par leurs enfants et petits-enfants devant un tribunal planétaire ? L’opti-pessimisme de la jeune génération après Copenhague.
Par Gilles Vanderpooten, 24 ans, Président de l’association Vive la Terre et Fondateur du Tour de France du développement durable.
Objectif déclaré : « Sauver la planète ». Ils étaient 30.000 pour cela à Copenhague – ceux qui préparent notre avenir. Un consensus fort ne pouvait que l’emporter, face aux menaces qui pèsent sur le futur de l’humanité.
Nous, génération des 20-30 ans, pouvions nous dire paradoxalement « Vive la crise ! ».
Vive cette crise, économique et écologique (mais aussi sociale, éthique, politique), qui allait obliger nos décideurs, en charge de gérer le présent et de préparer l’avenir, à prendre pleinement conscience de leurs immenses et décisives responsabilités, et à agir en conséquence.
Au lendemain de Copenhague, la majorité des commentateurs a dénoncé « l’irresponsabilité des responsables ». La planète s’en sortira, mais l’humanité ? Mais nous ? Quel héritage ? Au-delà des querelles d’experts, notre interpellation est directe : Vous qui parlez de vos petits-enfants, qui seront nos enfants, avez-vous pris toute la mesure de vos non-décisions ? Quels parents et grands-parents êtes-vous, pour avoir pris le risque évident de nous entendre vous dire que vous avez trahi votre devoir le plus essentiel ?
Alors que l’ampleur des changements et des bouleversements en cours et à venir appelle à une remise en question globale et à la prise de responsabilité collective, que nous offrez-vous sinon le spectacle d’une impuissance générale ?
En 1987 le rapport Brundtland définissait le concept de développement durable et appelait à considérer les « générations futures ». Elles arrivent ! Elles sont là !! Nous sommes là.
Et prêts à vous interpeller : « O ministres intègres ! Conseillers vertueux ! … ». La jeune génération vous a observés. Elle sait qu’elle ne doit pas tout attendre de l’action politique. Elle vous a pressés cependant de répondre à ses attentes…
Vous avez pris un risque considérable : celui de voir bientôt vos enfants et vos concitoyens devenir vos accusateurs. Serons nous amenés dans 20 ans à nous porter partie civile dans un tribunal international pour juger le crime ultime et universel contre l’humanité ?
« Opti-pessimistes » nous sommes encore, selon les encouragements du sage Edgar Morin et du vénérable enthousiaste Stéphane Hessel. Pessimistes quant à la réalité de la menace et à l’efficacité politique, optimistes parce qu’il faut vivre et agir encore.
Des solutions existent, dans le respect et l’exaltation de la diversité. Qu’elles se nomment agriculture durable et biologique, énergies renouvelables et non polluantes, économie sociale, commerce éthique et équitable, respect des hommes et des cultures, etc., elles contribuent au développement d’une économie relocalisée, socialement responsable, économe en énergie et respectueuse de notre Terre-Patrie.
Ces alternatives crédibles n’ont pas attendu que le temps du politique ou du législateur s’adapte aux exigences des impératifs écologiques, sociaux, sociétaux et reconnaisse leur interdépendance. Elles appellent toutefois plus que jamais le soutien des politiques mondiales, nationales, régionales, locales…
« Vive l’avenir ». C’est une lueur d’espoir dans une ère de désespérance. C’est le cri de la jeune génération qui s’inquiète mais se refuse à désespérer.