Barrage hydroélectrique de Pakitzapango (Amazonie péruvienne)
10 000 indiens ashaninkas et 90 000 hectares de forêts menacés

acc_alerte_barrage

Aux projets d’extraction minière et pétrolière s’ajoute la menace d’un barrage hydroélectrique sur les territoires des indiens Ashaninkas, au cœur de la grande forêt amazonienne que Jéromine Pasteur connaît bien pour y retourner vivre depuis 25 ans. Le projet de barrage de Pakitzapango inonderait 90 000 hectares de forêts, ratissant les terres de 10 000 indiens Ashaninka du Pérou sur plus de 700 km2. Il deviendrait le plus grand barrage du Pérou. Son coût est évalué à 6 milliards de dollars.
L’électricité produite alimentera le Brésil, principal bénéficiaire de ce projet. Au détriment des indiens Ashaninkas, populations vivant de manière ancestrale…

Bien que l’hydroélectricité soit considérée comme une source d’énergie renouvelable, elle ne va pas nécessairement dans le sens du « développement durable ». C’est ce dont témoigne le projet de Pakitzapango.

C’est non seulement les territoires, le lieu de vie, mais les ressources nécessaires à la survie des indiens qui sont menacés. Une nouvelle tentative de sacrifier la biodiversité et les peuples autochtones à des intérêts économiques et aux infrastructures énergétiques.

Sans consultation des populations, et sans étude d’impact, les droits des indiens se trouvent une fois de plus bafoués.
Le barrage est encore à l’état de projet : nous pouvons donc encore, et nous devons agir !

[dailymotion x8uk0c]

 

Un impact humain et écologique désastreux

Ruth Buendia Mestoquiari, membre de la communauté Ashaninka du Pérou et présidente de l’association CARE (Central Ashaninka del Río Ene), affirme que « ces projets expulseront mon peuple de ses terres et mettront fin à son mode de vie. Mon peuple ne demande que le respect, la tranquillité et la paix. Ces barrages apportent la souffrance, la pauvreté et les déplacements forcés. »

Si le projet se concrétise, il entraînera en effet des déplacements de population conséquents, et des dégâts environnementaux considérables : émissions de méthane lors de la construction du barrage, émissions de CO2 causées par la déforestation, appauvrissement de la biodiversité et fragilisation des écosystèmes.

Le droit des populations bafoué

La Déclaration des Nations-Unies sur le droits des populations indigènes, la Convention 169 de l’Organisation internationale du travail (OIT), les normes internationales sur le développement des infrastructures, et les lois que le Pérou a lui-même voté ne sont pas respectées ! Elles imposent de consulter les populations concernées avant toute construction sur leur territoire, or aucune consultation ni information n’a été faite à ce jour.  « Nous ne sommes pas contre le développement mais la construction de ces barrages aura de nombreux impacts négatifs sur nos rivières et sur nos terres », a déclaré Ruth.

Pourquoi ce projet de barrage ?

Les gouvernements du Brésil et du Pérou ont signé en 2010 un accord pour la construction d’une série de grands barrages en Amazonie péruvienne. Ceci pour répondre à la demande croissante en énergie du Brésil. Le gouvernement péruvien y voit une opportunité pour l’économie nationale, ce pourquoi il a donné son aval à un consortium d’entreprises rassemblant notamment Electrobrás et Odebrecht, pour la construction de ce barrage qui deviendrait le plus gros du Pérou, et le 5e d’Amérique latine.

Pourquoi nous sommes concernés, ici en France et en Europe ?

Outre le fait que la solidarité internationale nous invite à nous préoccuper du respect des droits des populations et des territoires, rappelons que ce qui se passe « là-bas » dans la forêt amazonienne n’est pas sans incidence « ici » chez nous. La forêt amazonienne est non seulement le lieu de vie des indiens, mais un réservoir de biodiversité duquel nous tirons de nombreuses ressources pour notre industrie, notre pharmacie, notre médecine…

 

Indibio a apporté son soutien à CARE (Central Ashaninka del Río Ene), organisation locale créée à l’initiative de membres du clan Ashaninka, qui a mis en place la campagne contre la construction du barrage de Pakitzapango.